première rencontre

C'était une fin d'après-midi comme les autres, l'hiver s'était bien installé à la Nouvelle-Orléans et la pluie ne cessait de tomber à flot. Léo avait décidé de sortir un peu, histoire de ce rafraîchir les idées et depuis son emménagement récent dans cette merveilleuse ville, il n'était pas sortis une fois pour voir ce qui se tramait dehors. C'est pour cela qu'il fila à la douche avant de venir dans sa chambre pour trouver de quoi se mettre. Il contempla son armoire quelques temps avant de porter son choix sur un sweat à capuche gris et un jean bleu, comme on en trouve un peu partout dans les grandes surfaces. Le jeune homme passa rapidement sa main dans ses cheveux avant de descendre de la mezzanine qui lui servait de chambre, d'enfiler une paire de converses banales et ses lunettes de soleil noire, histoire de cacher ses yeux, il ne manquerait plus qu'il se fasse remarquer !

Le jeune homme, ayant opté pour un appartement non loin du centre partis à pied dans la rue, plissant légèrement le nez en sentant les relants d'égouts, de friture provenant du marchant de gauffres d'en face et l'odeur des pots d'échappements des voitures.

« - Il n'y a pas de doute, c'était bien mieux avant ! » murmura-t-il à travers ses dents.

Léo regardait aux alentours pour trouver un coin où se réfugier quand son choix se porta sur un petit café au coin de la rue. Une belle affiche verte tranchait parmi le gris ambiant des alentours. Le jeune homme se sentis attiré par cet endroit et s'y dirigea, ouvrant la porte avec facilité, faisant retentir une petite cloche annonçant son arrivée et s'installa à un tabouret, attendant qu'on vienne le servir.

première rencontre

Tandis que le jeune homme était assis sur le tabouret, il vit une jeune femme entrer dans le café. Il la regardait sans trop comprendre pourquoi, elle était grande et mince, avait un visage de poupée et des cheveux colorés en blond. Elle était plutôt jolie, mais d'une beauté simple et banale. La belle devait avoir un peu plus de 20 ans et sur ses traits tirés on pouvait lire la fatigue, l'anxiété. Elle devait sans doute rentrer du travail. Léo la suivait du regard discrètement, se cachant derrière ses lunettes. Quand il la vit se mettre à côté de lui, il sentit des papillons lui parcourir le ventre et se retint de la chasser tant la sensation qu'elle lui procurait était intense, comme il ne l'avait presque jamais connus. Le jeune homme tourna la tête pour ne pas qu'elle remarque ses rougissements mais, ce fût peine perdue quand elle lui adressa un mot. Habituellement, le garçon était très timide mais, à l'approche de la jeune femme, un instinct lui murmura qu'il devait répondre, faire connaissance avec elle. Alors, il plongea ses pupilles dorées dans les siennes, le noir cachant plus ou moins leurs changements et répondis avec un bref sourire en plongeant sa main dans le paquet de serviettes présent à sa gauche, en ressortant deux ou trois petites feuilles en papier :

« - Oui bien-sûr, aucun problème. » dit-il d'une voix aussi assurée de possible, malencontreusement c'était peine perdue elle devait sûrement sentir le mal aise présent dans la voix de celui-ci.

Léo tendis les serviettes à la demande de la femme blonde, mais il sentit une violente décharge se faire dans son avant-bras quand leurs doigts s'effleurèrent ce qui n'eut pour effet que d'accroître la tension ci-présente. Sans doute pensait-elle que le garçon n'était qu'un gamin juvénile, fraîchement sortis de sa période lycée, que tout ce qui se passait relevait du hasard ou d'une tension électrique mais, le garçon était bien trop expérimenté pour y croire. Le jeune homme sentit que quelque chose se tramait et il devait en avoir le coeur net, il n'allait pas laisser la jeune femme filait si rapidement.

Suite à la décharge reçue, sans le faire exprès Léo renversa quelque peu de son chocolat sur la robe de la jeune femme. Il s'excusa piteusement avant de reprendre d'une voix douce :

« - Excusez-moi, je suis sincèrement désolé... Si vous le souhaitez je peux vous aider à arranger ça aux toilettes ? »

première rencontre

Cette rencontre devenait de plus en plus gênante. Léo avait l'impression de connaître la jeune femme depuis des décennies et pourtant elle n'avait l'air que d'avoir 25 ans, néanmoins il se doutait bien que quelque chose n'était pas normal en la jeune femme. Depuis ses 148 ans de vie, Léo avait connu beaucoup de femmes et il se doutait bien que celle-ci n'était pas normale, ça devait être l'une des siens mais, cela l'étonnerait beaucoup. En ce dirigeant vers les toilettes, il fût rassuré de voir que ceux-ci étaient mixes, après tout il ne manquerait plus que les clients de ce café pensent des choses des « attentions » que la jolie blonde pourrait lui porter pour atteindre le summum du ridicule. En arrivant là-bas, Léo se dirigea vers un évier, prit un petit bout de papier qu'il tamponna sur le fin tissus composant la-dite robe, il était en train de songer au fait que la tâche soit irrécupérable avant que la jeune femme pose la question qui risquait sans doute de faire chambouler la soirée. Il se figea un instant avant de reprendre d'une voix douce, cherchant à ne pas effrayer sa nouvelle rencontre :
« - Tu l'as ressentie, toi aussi ? La petite décharge je veux dire, tu l'as ressentie ? dit-il doucement avant de reprendre sur le même ton : - Je pense en effet que l'on se connaît, peut-être pas en personne, mais on doit avoir un lien de parenté... Enfin à mon avis... Après je ne suis qu'un gamin qui vous a renversé du chocolat chaud dessus. »
Suite à ses paroles, Léo se releva pour se mettre à hauteur de la belle et lui tendre sa main d'un air solennel, tentant de cacher au mieux son appréhension. A présent, Léo était sûr que la belle était une métamorphe tout comme lui, mais après tout, s'il le disait haut et fort ça risquait de lui faire peur. Sans savoir pourquoi, il enleva ses lunettes pour la regarder droit dans les yeux, ses pupilles changeant à rythme régulier de couleur. Il ajouta alors sur ce dernier acte, sûrement dangeureux :
« - Je m'appelle Léo et vous ? »

première rencontre

Léo se rassurait de plus en plus aux côtés d'Heaven, bien qu'il ne la connaissait pas trop il appréciait le naturel de la jeune femme et la chaleur de ses paroles, à la fois rassurantes et douces. Il était en confiance auprès d'elle et n'hésiterait pas à tout lui avouer si l'occasion se présentait. Néanmoins, il connaissait très bien la nature de leurs liens et qui elle était. Mais vu ses réactions, le jeune homme se doutait bien qu'elle, elle l'ignorait. Elle lui rappelait tant lui dans le passé que s'en était flagrant. Lorsqu'elle avoua qu'elle ne croyait pas un mot du fait que ce soit un coup de courant qui avait traversé leurs deux corps, il ne pût s'empêcher de faire un doux sourire en coin, les yeux pétillants et reprendre :
«  Je pense que si je te disais ce que c'était en réalité, tu n'en croirais pas un mot. Alors je pense que le mieux pour toi serait de garder cette première hypothèse. » dit-il d'un ton taquin avant de reprendre avec douceur «  Alors enchanté de même, Heaven. »

A l'annonce de son prénom, le jeune homme garda son beau sourire aux lèvres, « Heaven ». Vu que son prénom était plutôt récent, la jeune femme avait en effet bien l'air d'être une novice, le prénom étant récent. L'enveloppe charnelle qu'elle portait devait être bel et bien la sienne. Heaven ne devait se transformer qu'en animal et encore, si elle se transformait. La jeune femme rappelait de plus en plus à Léo sa première transformation, en chat. C'était d'ailleurs resté sa transformation favorite, en effet, auprès des filles on se faisait câliner et auprès des hommes on pouvait facilement se cacher. Puis, il faut avouer, Léo se plaisait bien en chat.
Lorsque le jeune homme serra la main de sa nouvelle amie, une tendre chaleur se rependit dans son corps, c'était si plaisant et doux qu'il peina à lâcher la main de la jeune femme.
A la vue de ses yeux, Heaven eut d'abord l'air surprise puis taquine ce qui rassura grandement Léo. Après tout il n'aurait plus manqué qu'elle aille le crier à tout le bar, ç'aurait été le pompom. Tandis que les minutes passaient, les yeux du jeune homme changeaient régulièrement de couleur. Tantôt bleu pour le stress, doré pour le plaisir et tant qu'autres au fil des sentiments. Il sourit alors doucement avant de reprendre d'un ton plus calme, plus sérieux, plus matûre :
«  Nous sommes juste de la même espèce, Heaven. On est pas « bizarres », juste différents. Je suis presque sûr que depuis que tu es petite tu te sent seule, pas à ta place. Tu as l'impression que tu es rejetée de tout le monde. Lorsque tu aimerais être quelqu'un d'autre, tu ressent des petits picotements dans ton corps tout entier. Peut-être même que tu t'es déjà changée en animal, tu as crus que tu rêvais mais non. Tu es juste jeune, tu ne contrôles pas tout et c'est normal ».