☆ ☆ ☆
There are so many things that I don't understand
There's a world within me that I cannot explain
crédit ~ quote/within, daft punk.

La peur c'était une vilaine sensation. Elle vous entravait l'âme, vous rendez douloureusement insignifiant, écrasé sous un poids que vos épaules peinaient à soutenir. Rosann se sentait crouler maintenant, près à sombrer dans le sol froid et qui sait, s'y fondre peut-être. Dans les profondeurs humides de cette plage elle était certaine de pouvoir trouver une place pour sa sépulture. Noyer sa souffrance dans une nouvelle ivresse pour être sûr que personne ne soit capable de la déterrer. Même s'il prenait le risque de se salir les ongles en creusant à mains nues, même s'il avalait la poussière en s'écorchant les poumons, qu'il respirait la vapeur d'un passé à vif. Depuis longtemps, plus rien n'avait d'importance maintenant. Rose parvenait à sentir son coeur qui battait à tout rompe dans ses tempes alors que le soleil disparaissait déjà dans un horizon dont elle ne définissait plus les confins. Elle agonisait sous le poison qui salissait ses veines, ses mensonges l'infectaient. Sa cage thoracique se soulevait sous sa respiration profonde lorsqu'elle soulevait négligemment un morceau de ferraille qui traînait à ses pieds. La pluie tambourinait la route depuis des heures, sans répit.  Il ne restait plus grand-chose de sa robe, quelques décombres abîmés par le temps et la carcasse particulièrement volumineuse de son jupon déchiré, dans un état aussi déplorable que l'esprit de la jeune femme. A présent, il ne demeurait que les souvenirs qui comme une macabre litanie flottaient en un brouillard pesant dans son esprit. La sensation amère sur sa langue d'avoir commis une erreur persistait dans sa bouche autant que cette rage sourde qu'elle déversait abondamment sur le ourlet de son vêtement.  « Elijah ? (...) Oui, c'est Ros- (...) Ne t'inquiète pas je vais bien. (...) Ahm. Pourrais-tu venir me chercher ? Je suis sur la route, près du bayou. » Ses intonations brisées dansaient toujours dans le combiné, lacérant son âme, la teintant de la couleur du chagrin, bien après qu'elle ait raccroché. Il y avait tellement de détresse dans la voix de Rosie lorsqu'elle que l'on pouvait presque être  de le sentir, ce désespoir. Lourd, vicieux, presque corrosif. Qui dévorait son être jusqu'à ne lui laisser que la saveur âpre des remords. Jamais elle n'aurait dû rejoindre sa soeur, elle ne savait que trop bien comment se terminait leurs affrontements depuis le temps.  Debout au bord du chemin boueux, tout son être semblait imbibé du liquide glacé. Sa progression fut plus lente qu'elle le souhaitait. Ses bottes s'enlisaient dans la fange poisseuse qui dissimulait les différents obstacles fait de racines, creux ou pierres qui rencontraient son chemin. L'averse qui s'abattait dans son dos gênait d'autant plus sa visibilité. Pourtant, Rosann faisait fi de ces désagréments et en trois longues enjambés se retrouvait aux abords de l'asphalte. Sa chevelure avait perdu de son éclat ambré, ou peut-être que son visage vide de tout expression ternissait sa délicate fraîcheur usuelle. Un sillon de larmes s'était creusé sur ses joues et des frissons parcourait ses bras qu'elle serrait l'un contre l'autre. « Je suis désolé de t'avoir obligé à te déplacer mais, je ne me sentais pas la force de rentrer à pied.  » Avait-elle soufflé lorsque le véhicule de son petit ami s'était présenté devant la jade de ses prunelles. La jeune femme n'avait pourtant pas amorcé le moindre mouvement, grelottante toujours sous la pluie qui se répercutait contre le sol. Elle devait avoir une mine affreuse.